Un mémo divulgué révèle le projet de l’administration Trump de fermer l’ambassade des États-Unis en République du Congo et de réduire drastiquement sa présence diplomatique mondiale.

L’administration du président Trump envisage une réduction spectaculaire de la présence diplomatique des États-Unis à travers le monde — une décision qui inclurait la fermeture de l’ambassade américaine en République du Congo et l’élimination ou la réduction significative de plus de deux douzaines d’autres missions étrangères, selon un mémo interne du Département d’État obtenu par The New York Times.

Ce document, non daté, expose un plan visant à fermer 10 ambassades et 17 consulats à travers le globe. Si ces propositions étaient mises en œuvre, elles représenteraient l’un des reculs diplomatiques les plus radicaux de l’histoire récente des États-Unis. Cette politique marquerait un changement majeur dans les priorités américaines, abandonnant la diplomatie traditionnelle et l’aide humanitaire au profit de coupes budgétaires et d’intérêts stratégiques limités.

En Afrique, les ambassades visées par les fermetures incluent celles en République centrafricaine, en Érythrée, en Gambie, au Lesotho, au Soudan du Sud et en République du Congo. L’ambassade américaine à Brazzaville joue pourtant un rôle clé dans la promotion de la gouvernance, le soutien à la société civile, la santé publique et la coopération régionale.

Cette fermeture serait accompagnée de la suppression du Bureau des affaires africaines du Département d’État. Un projet de décret exécutif en discussion prévoit de remplacer cette entité par un petit Bureau de l’Envoyé spécial pour les affaires africaines, rattaché directement au Conseil de sécurité nationale. Ce bureau se concentrerait exclusivement sur les “opérations antiterroristes coordonnées” et le “commerce stratégique des ressources naturelles critiques”, délaissant les programmes de démocratie, de droits humains et de développement durable.

« Ce n’est pas seulement un retrait d’Afrique, c’est une redéfinition complète de ce que les États-Unis considèrent comme prioritaire sur ce continent », a déclaré un diplomate basé à Brazzaville. « Le message est clair  : la diplomatie est abandonnée.  »

Le mémo prévoit également une réduction importante de la présence américaine à Mogadiscio, en Somalie, la fermeture du centre de soutien diplomatique de Bagdad, ainsi qu’une baisse des coûts dans les postes de Bagdad et d’Erbil, en Irak. Il recommande aussi la consolidation des services consulaires dans des pays comme le Japon et le Canada, où plusieurs consulats seraient fusionnés.

Selon des données du Lowy Institute, un think tank australien spécialisé en politique étrangère, la mise en œuvre de ces coupes réduirait la présence diplomatique américaine en Europe en dessous de celle de la Chine, renversant un rapport de force jusque-là favorable à Washington. En Afrique et en Asie de l’Est, où la Chine possède déjà plus de missions que les États-Unis, l’écart se creuserait davantage.

« Ce serait une défaite diplomatique auto-infligée », estime un ancien haut responsable du Département d’État. « Pendant que nous nous retirons, la Chine avance — elle construit des ambassades, forme des diplomates, signe des accords. Nous abandonnons notre leadership mondial, mission après mission. »

L’administration Trump n’a pas encore confirmé l’authenticité du mémo, et les responsables ont émis des déclarations contradictoires. Le secrétaire d’État Marco Rubio a qualifié les premières révélations de « fausses informations », tandis qu’un porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré que ces propositions « ne reflètent pas la politique actuelle ». Toutefois, la précision du document suggère que les discussions sont bel et bien en cours.

À Brazzaville, l’inquiétude grandit parmi les ONG et les partenaires locaux soutenus par les États-Unis. « Nous faisons déjà face à de nombreux défis pour la démocratie et le développement », explique un leader d’organisation congolaise. « Si les États-Unis se retirent maintenant, ce sera un feu vert pour les régimes autoritaires et l’exploitation étrangère. »

Tandis que les diplomates américains attendent des clarifications, l’enjeu dépasse largement le Département d’État  : il s’agit de savoir si les États-Unis sont prêts à abandonner leur rôle de leader sur la scène mondiale au moment même où la concurrence stratégique s’intensifie.

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